
L'Afrique est un continent en construction, mais qui le construit ? Routes, ponts, centrales électriques et infrastructures numériques se construisent dans nos pays, mais trop souvent, ce ne sont pas les nôtres qui réalisent ces travaux. Pourquoi ? Parce que nous n'avons pas investi dans une éducation adaptée, une éducation qui dote nos populations des compétences nécessaires pour construire, créer et innover.
Nos systèmes éducatifs, hérités des structures coloniales, ont été conçus pour former des employés de bureau, et non des entrepreneurs, des scientifiques ou des ingénieurs. Nous avons formé des générations à rechercher des emplois de bureau plutôt qu'à maîtriser les métiers et les technologies qui stimulent une véritable croissance économique. Par conséquent, nous sommes confrontés à un paradoxe : l'Afrique compte des millions de diplômés au chômage, tandis que des secteurs clés – construction, industrie manufacturière, énergie et technologie – peinent à trouver des travailleurs qualifiés.
Lorsque je voyage à travers l'Afrique, d'ouest en est, d'Afrique centrale à Afrique australe, je constate le même schéma. Les entreprises chinoises construisent nos routes et nos aéroports. Les entreprises turques construisent nos maisons et nos écoles, tout en dominant les hôpitaux et les établissements d'enseignement privés. Ce sont les entreprises étrangères qui exploitent nos ressources naturelles, transforment notre or, notre lithium, notre pétrole et notre gaz, tandis que notre population reste au chômage.
Les opportunités sont là, et pourtant nous restons plus pauvres chez nous. Pourquoi ? Parce que nous n'avons pas acquis l'expertise nécessaire pour les saisir. Les emplois existent, mais ils profitent à d'autres.
L'Afrique devrait posséder la plus grande main-d'œuvre au monde d'ici 2050. Notre continent est en pleine croissance, s'urbanise et se modernise. Mais sans une transformation de l'éducation, nous resterons des consommateurs, et non des créateurs, regardant des entreprises étrangères construire notre avenir tandis que notre jeunesse peine à trouver un emploi décent.
Prenons l'exemple de la Chine : elle est devenue l'usine du monde grâce à ses investissements dans la formation professionnelle et la main-d'œuvre qualifiée. L'Inde, la Corée du Sud et maintenant la Turquie ont suivi la même voie, bâtissant des économies fortes en dotant leur population d'une expertise technique. Pendant ce temps, l'Afrique est toujours aux prises avec un système éducatif inadapté aux exigences d'une économie moderne.
Il est temps de changer les mentalités. Nous devons révolutionner notre système éducatif en mettant l'accent sur les sciences, la technologie, l'ingénierie et les métiers spécialisés, fondements d'une économie forte. Nos écoles devraient inspirer les jeunes à reconnaître la dignité et la réussite dans des professions comme l'agriculture, la menuiserie, la maçonnerie, l'électricité, la mécanique et l'ingénierie.
L'Afrique ne peut se développer sans les Africains qui montrent la voie. Permettez-moi de reformuler : l'Afrique se développera sans nous, où nous serons des étrangers sur notre propre territoire. Nous devons doter nos jeunes des compétences nécessaires pour construire, innover et créer de la richesse. Si nous n'agissons pas maintenant, nous continuerons de voir d'autres capitaliser sur nos ressources et nos opportunités.
Il est temps de révolutionner l'éducation. Il est temps de construire notre avenir, de nos propres mains.